dimanche 15 février 2015

Massacre 10




10

Résumé : Tiens ! J'y pense, je vais écrire une pétition contre mon éditeur. Vous la signerez ; hein ?




Il reste que Balthazar dérogeait aux lois élémentaires de la presse. La règle aurait voulu qu'il reste neutre et évoque, au moins brièvement, les ambitions d' Albert Ichon, ce gros con...

Bon ce n'est pas du Baudelaire mais ça rime.

Mais comment rester neutre face à des fachos ? La stratégie du journaliste était simple : les laisser mariner dans leur jus longtemps. Et lorsqu'il serait temps : les sortir de cette macération afin que chacun puisse juger de leurs relents nauséabonds.

Ce qui devait arriver arriva : le directeur départemental, alerté par Albert Ichon, appela la rédaction de Thouars.

Il appela trois fois, puisque les deux premières, Balthazar regardant au plafond ne vit pas qui l'appelait et que c'était,de surcroît, l'heure de l'apéro.

_ Allôôôôôôôôô . Dit-il d'une voix suave, une de ces voix que seul le Duhomard ( c'est l'apéro de Thouars en vente partout en ville) savait – non pas adoucir – mais rendre voluptueuse, avec cette sorte d'inflexion – non pas tendre – mais goguenarde sans qu'on sache si c'est du lard ou du cochon. Allô donc.

_ Ici ton chef ! Qu'est-ce que c'est ce bordel ? Tu ne veux pas annoncer la candidature d'un candidat ? ( On appréciera la précision de la phrase). Tu es journaliste ou quoi ? Tu veux que je t'envoie un CDD pour faire ton boulot ? Albert Ichon vient d'appeler, il est furieux. Il a des appuis. Tu commences à me casser les couilles Balthazar ! Nous ne sommes pas là pour dire ce qui est bien ou mal ! Nous sommes là pour servir l'information. Il n'y a pas de plus noble mission.

_ Ah ? Et faire une page de reportage publicitaire pour l'Hyper bouffe c'est une noble mission ? Echanger un papier contre une annonce pour une librairie d'extrême droite c'est noble ?

_ Rien à voir ! Ce sont des annonceurs ! Eux nous font bouffer ! Tu es « has beeen » Balthazar ! Tu deviens un vieux con ! Fachos ou pas Albert Ichon mérite notre respect !

_ Cher chef, vous êtes chef et donc vous n'êtes pas un imbécile. Vos paroles ont du sens. Je vous demande donc de bien vouloir me mettre noir sur blanc votre dernière saillie. Le syndicat sera ravi de lire cela. Si vous ne le faites pas, c'est que vos paroles sont du vent.

_ Vas te faire enc......er.

Ainsi s'acheva l'une des conversations ordinaires entre Balthazar et sa hierarchie directe. Il faut dire que les chefs avaient changés avec le temps.

A part quelques « buttes témoins » présentées comme on arbore des décorations, c'est à dire sans valeur, les nouveaux chefs étaient nuls.

Passer un chapitre entier là-dessus était nécessaire mais douloureux.

C'est alors que le téléphone sonna derechef.

_ Qui est-ce ? Se demanda in petto Balthazar en lisant sur l'écran de son téléphone « appel masqué ». Encore un franc-maçon ?

Mais le téléphone sonnait, sonnait, sonnait. De guerre lasse le journaliste décrocha :

_ Allôôôôôôôôô .

Une voix à l'autre bout :

_ T'es fou ?



A Suivre...

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