mercredi 18 février 2015

Massacre 13




13

Résumé : codicille à la pétition à l'éditeur : « Non seulement je me tape tout le boulot mais en plus je gagne une misère. Balzac déjà de son temps était poursuivi pas les huissiers ! Et vous voulez roulez en voiture allemande. Est-ce bien naturel ? ».



Balthazar et Louis Grandclerc s'enivrérent à la justice dont le seul mot est déjà en soi une ivresse absolue. Combien sont-ils nos frères qui laissèrent sur cet autel sans cérémonie, leur peau, leurs années ?
C'est une belle idée, savez-vous... jamais perdue. Il lui faut juste du temps pour trouver son terreau. Prenez Marcion dont on ne sait rien : ses écrits “antithèses” jugés hérétiques ont été brûlés, on en connaît que l'image en négatif développée par Tertullien qui écrivit “Contre Marcion”, eh bien les idées de Marcion ont traversé les siécles comme les aigrettes de pissenlit s'envolent au hasard des terres hospitalières. Tout a été fait pour que Marcion soit effacé des mémoires, il est là, toujours présent, seize siècles plus tard. N'est-ce pas bouleversant ? Et la Commune de Paris : trois mois dans l'histoire du monde et quelle trace ! Quelles semailles étourdissantes !

_J'aime la justice! Mais encore ? Demanda Balthazar en achevant un grand cru saint émilion de Christophe Pueyo qui allumait dans son esprit d'émouvantes images et des sourires anciens. 

Alors Louis posa son verre a demi-plein d'un champagne de Jérôme Bourgeois-Diaz aux bulles d'une finesse extrême et d'une saveur délicate comme l'est, à l'oreille, un friselis de jupon ( Blaise Cendrars avait transformé ce mot en frisoulis, et il avait raison). Tous ces vins honoraient leur promesse.Quelle leçon ! Ah s'il fallait voter pour des vignerons ! le mal de l'abstention serait combattu. Oui, je sais, la fédération anarchiste invite à s'abstenir, et moi j'invite à voter noir. Bef, Louis Grandclerc posa son verre et regarda fixement Balthazar

_ Je vous demande votre parole d'homme.

_ Vous l'avez je n'ai rien de sacrée que ma parole.

_ Alors voilà... Le feu a pris chez mon voisin. Je m'en suis aperçu au milieu de la nuit quand une lueur a traversé la rue devant ma fenêtre. Bien sûr je suis sorti. Bien sûr j'ai voulu entrer dans la maison. La chambre était un brasier. Il était dedans... Je veux dire mon voisin était dedans. C'était un très vieil homme à moitié impotent. Il avait emménagé il y a six mois. Je ne le connaissais pas. A peine l'avais-je aperçu lors de son emménagement. Alors comme on fait dans ces cas, on sauve ce qu'on peut... Pour les enfants s'il y en a... Pour faire quelque chose de ses mains soudain vaines... J'ai donc sorti une chaise.. Une télé... Un chien... Un cadre qui était dans le vestibule… Putain ce cadre … Putain ce cadre Balthazar ! Ah Buvons ! Ami buvons !

Balthazar qui était un homme délicat ne posa pas de question et but.

On sortit alors une bouteille de Jean-Jacques M. Un vigneron brûlé dans sa passion du vin. Mort de cette façon dont meurent ceux qui ne sont pas compris.

Le temps passa sans effort. La cave n'avait jamais connu pareille offensive. Le répondeur, à la rédaction, accumulait les appels du chef furieux de ne pas lire, dans la copie envoyée quelques heures plus tôt, un texte sur Albert Ichon.

Le temps passa entre les deux compagnons. Ils avaient vécu tant de choses déjà ( lire TOUT ce qui a été publié là-dessus).

Enfin Balthazar trouva les mots

_ Me direz-vous ? Ami ?

Louis Grandclerc leva ses paupières mouillées et commença son incroyable récit.

_ Soyez attentif. Je vais vous faire une confidence, je vous livre un secret.




A SUIVRE.




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