mercredi 11 mars 2015

massacre 28

Musique d'ambiance ici (attention c'est moche ) : https://www.youtube.com/watch?v=IZP4wGmPa1Y


28

Résumé : Evidemment les jours de grande sécheresse intelectuelle il faut taper fort, par exemple, pour cette histoire j'ai achevé la réserve de mezcal, et j'ai bouffé les asticots avec .

Albert Ichon ne se contenta pas d'appeler Ludivine. Il ne se contenta pas de lui rendre visite. Il l'invita à la meilleure table de Thouars : « Le Logis de Pompois ». Là, sous les lambris et sous le regard attentif d'un maître d'hôtel stylé on vous sert des plats délicieux couverts d'une cloche d'argent. On vous découvre l'assiette d'un ample geste en récitant une tirade qui vaut les meilleures répliques du théâtre d'avant-garde

_ Farandole de légumes printaniers dans son aumonière de sarrazin escortée de son bar de ligne venu tout droit de la mer en tempête et de sa coquille saint-Jacques juste passée à la poêle avec sa truffe fraîche d'Availles-Thouarsais... Bon appétit !

Ludivine qui d'ordinaire était pourtant rassasiée avec un demi-croissant, fut éblouie. Elle commanda sur la carte ( sans mention de prix) : des dos de saumon marinés fraîcheur de concombre à la menthe, puis des filets de rougets saisis avec sa tapenade et caviar d'aubergine en ravioles. Puis en faisant l'impasse sur le chariot de fromages ( pourtant somptueux), elle dégusta un macaron litchi-rose ( semblable au sublime Ispahan de Pierre Hermet). Cela servi avec une vieille bouteille désormais introuvable de Nicolas Reau un « Victoire » rare. Jamais de sa vie elle n'avait mangé de semblable façon. Elle fut un peu maladroite avec le maniement du couteau à poisson, lequel se tient comme un stylo. Avec beaucoup de tact Albert lui montra comment faire accompagnant son geste d'un énorme mensonge :

_ Je me permets de vous montrer, je viens d'apprendre le geste hier seulement.

Elle ne fut pas insensible au charme d'Albert qui portait encore beau en dépit de ses 50 ans. Il était encore svelte malgré une légère rondeur autour des reins. Pull de cachemire, foulard de soie, pantalon de lin blanc, mocassin à pompons.

_ Chère amie, vous permettez que je vous appelle chère amie ? Je ne vous cacherai pas que j'ai été stupéfait par l'attitude de votre confrère. Nous n'avions pas de bons rapports je ne vous le cache pas, mais je ne le croyais pas capable d'une telle ignominie. Je mentirais si je vous disais que je le regrette. Je suis sûr que nous pourrons nous entendre tous deux. Oh ! Je respecte votre indépendance, la liberté de la presse est sacrée, et je ne tenterai jamais d'influencer vos choix éditoriaux. Je demande seulement une égalité de traitement avec mes adversaires. Vous savez que je me présente aux législatives ? He bien vos lecteurs n'en savent rien ! Ah je vous vois étonnée ! En effet votre prédécesseur n'a pas jugé utile de relayer cette information. Je me permets donc de vous remettre ce premier communiqué.

Le lendemain le communiqué était publié in extenso. Ce n'était que le premier d'une longue série accompagnée d'un bouquet de fleurs pour l'anniversaire de Ludivine, et d'un second repas au Logis de Pompois, dîner tout aussi délicat que le précédent.

La teneur des communiqués se faisait peu à peu plus agressive, mais Ludivine n'y trouvait rien à redire. Elle ouvrait et fermait les guillemets.



A SUIVRE...

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