dimanche 15 mars 2015

massacre 30



30

Résumé : Il y a aussi la savoureuse poire de Pasacal Gabilly ( Massais) et les grandes eaux de vie de Cazottes fort utiles pour les exercices de style délicats. Mais n'en pas abuser ici c'est pas Marcel Proust quand même.

La ville avait pris ses funestes habitudes, et finalement s’accommodait du temps nouveau. Ichon avait été élu au premier tour. Il était député. Il œuvrait désormais pour mettre à la mairie de Thouars l'un de ses hommes liges. La photo publiée dans le journal frappa Balthazar, il reconnut l'un des hommes qui parlait de lui au café des arts au début de cette histoire, un type avec une sale gueule de brute avec une vilaine cicatrice sur la joue droite, il conversait avec un freluquet avec une tête de félon à petite barbiche. Par un très curieux hasard le maire en titre démissionna et quitta la ville « ma santé est devenue fragile, je suis très fatigué » expliqua-t-il sans plus de détail. Il fallut organiser une élection complémentaire. La brute balafrée nommée Hugues Single fut élue conseiller municipal et dans la foulée l'assemblée communale le désigna comme maire de Thouars.

Presque en même temps le conseiller général démissionna aussi «   ma santé est devenue fragile, je suis très fatigué » expliqua-t-il sans plus de détail. Il fallut organiser également des élections complémentaires. Le freluquet avec une tête de félon à petite barbiche s'appelait René Fit, il le remplaça. Et le bourgeois semblait ravi ! Il avait voté pour la bande à Ichon qui commençait à étendre sa toile sur Bressuire à l'ouest et Parthenay au sud. Des relais fachos étaient à l'ouvrage avec ténacité et efficacité. Les messages les plus cons sont souvent les mieux compris, hélas !

Ludivine ne manquait plus une réunion publique elle avait pour Albert Ichon une attirance qui dépassait le strict cadre professionnel. Et le député, en diabolique stratège, maintenait le contact avec malignité sans passer la délicate frontière. D'ailleurs Ludivine était trop maigre pour lui. C'était un homme vulgaire. Elle n'était qu'un atout dans le jeu de ce facho, un valet, pas une dame. Désœuvré autant que désabusé Balthazar trouvait le temps long. Trois mois avaient passé. Il avait pioché avec gourmandise dans la bibliothèque. Il avait lu les Balzac alignés avec un plaisir absolu, et aussi Julien Gracq et avait relu les cinq volumes de Blaise Cendrars empilés là et aussi ce cher Huysmans et même Marcel Proust dans toute la « Recherche ». Il lisait et relisait Rimbaud, Baudelaire et René Char. Il dormait beaucoup. Louis Grandclerc passait tous les jours avec le journal et des assiettes garnies. Il semblait triste lui aussi.

Balthazar cherchait à tuer le temps. Il fouillait dans les cartons qui encombraient sa prison volontaire et c'est ainsi qu'il trouva une lettre qui exhalait ce parfum... tubéreuse peut-être.

Il déplia la lettre ; elle lui fit sauter le cœur.

A SUIVRE …


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