mercredi 25 mars 2015

Massacre 39



39
Résumé : Encore sobre ? Je ne peux plus rien pour vous !

Placé en garde à vue, Hugues Single niait. Mais quand au matin l'inspecteur Legrandu lui glissa sous les yeux l'article du Courrier de la République, il devint livide.

En ouvrant et en fermant les guillemets, Albert Ichon chargeait son ancien ami. Il l'accusait de ce « crime odieux », confiait « j'ai déjà remarqué chez lui des tendances bizarres, une manière de regarder les fillettes lors des fêtes d'école qui m'a troublé... Mais de là à imaginer un monstre derrière son visage si paisible! On ne peut se méfier à personne ! Il faut rendre hommage à la police qui vient d'accomplir une tâche exemplaire ! D'emblée Hugues Single ne peut plus être maire, je soutiens la candidature d'un jeune plein d'avenir et que j'ai fait venir du Limousin : Kevin Roubieux. Il aime l'ordre et la discipline. Les Thouarsais pourront continuer de vivre dans le calme et la sécurité. »

Lâché par le député, le maire se mit à table comme on dit dans le bureau de Legrandu. Il raconta qu'il avait effectivement tué cette fillette, puis l'avait violée post-mortem,

_ Avec dégoût, mais j'obéissais aux consignes strictes d'Albert Ichon. Je suis un soldat, j'ai obéis aux ordres. A-t-on jamais demandé des comptes à ceux qui torturaient en Algérie ? Je suis un bon Français, et j'ai toujours respecté mon officier, mais s'il me lâche sur ce coup, il ne mérite plus mon honneur ni ma fidélité.

Il continua sa confession : il avait glissé dans la main de la jeune victime un papier pris quelques temps avant dans le carnet de notes du journaliste. Carnet rapidement escamoté puis remis en place.

_ Comme il est bourré 24 h sur 24 le journaliste, ce fut facile, précisa-t-il

Sur ce papier un faussaire habile avait parfaitement imité l'écriture hasardeuse de Balthazar. Puis il avait emmené la dépouille là où elle fut découverte. Le piège avait fonctionné. Le journaliste avait disparu, et la campagne électorale du député avait pu être menée avec l'appui d'une presse bienveillante.

_ Vous avez martyrisé une enfant pour prendre les leviers du pouvoir ? Interrogea Legrandu stupéfait.

_ Oui, et cela a fonctionné parfaitement. Ne faites pas la vierge effarouchée monsieur l'inspecteur. Combien de victimes sur la planète et dans l'histoire pour la saveur du pouvoir ?

Et, ce fut abject, il ajouta :
_Cette petite de toute façon, avec sa mère droguée, aurait eu une vie de merde. Elle aurait fini avec une seringue dans le bras, alors un peu plus tôt, un peu plus tard...Et elle n'a pas souffert. J'ai appris sous d'autres soleils à égorger.Le reste ne fut que mise en scène.

Le député ne fut jamais poursuivi, les preuves de son implication réelle dans cette affaire manquaient. Il en avait pourtant tiré d'évidents bénéfices. Mais sa situation était devenue intenable il démissionna et partit s'installer confortablement au Maroc. L'inspecteur se demanda longtemps pourquoi Ichon avait lâché ainsi Hugues Single. Par peur que l'autre ne craque ?

Il interrogea l'ancien maire sur ce point qui lui répondit sans mystère

_ Plutôt en raison de divergences politiques profondes. Ichon était devenu mou à force de bouffer des petits fours et de caresser le cul des démocrates.Il a eu peur de moi !

Chez les fachos l'unité est un leurre et les appétits aiguisés font que les morsures sont profondes. Single s'était rapproché d'une ligne plus dure encore, une ligne qui menaçait la façade faussement bien pensante du parti. En coulisse des trahisons mijotaient, des perfidies s’aiguisaient, des félonies s'échafaudaient.

Quand tout cela fut révélé, Balthazar sortit au grand jour . Il était pâle.

A SUIVRE...Lundi

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