dimanche 9 août 2015

La jouissance du monde 32 (II)











Ainsi mon seul, mon unique souvenir est ce rêve atroce, fallait-il tout ce temps, toute cette errance pour en arriver là ? Je maudissais ces bouteilles d'alcool fort trouvées dans ce réduit, dans l'ancienne hutte abandonnée par les hommes anciens. Au fil des jours je remâchais ma douleur et ma fureur. Je changeais. Hélas, je changeais. Et Amogh s'en aperçut. Mais je ne répondis pas à ses questions. J'avais aimé une femme dans mon rêve, et j'avais perdu cet amour.

C ' EST ALORS QUE JE ME RESOLUS A DEVENIR SCELERAT.

Une nuit alors qu'Amogh ronflait puissamment, j'abandonnais mes vêtements, et, nu, je partis.

Il me fallait m'éloigner vite pour qu'Amogh le chasseur perde ma trace. Je franchissais des fondrières, des marais , des tourbières sous la lune. En abandonnant mes traces avec une rage folle et une volupté vénéneuse, je traversais à la nage un étang. A l'aube j'atteignais l'autre bord, mais je prenais garde de ne pas poser le pied sur la rive. Je me saisis d'un roseau et je m'enfouissais sous la vase. Je restais là longtemps. Longtemps. Longtemps sans froid ni faim, en compagnie de Lipaz.

(A suivre)

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