mardi 2 mai 2017

Un pays sans imagination

                                   
Wilfrid CRU chef du gouvernement ( dessins de Louie Travis)


Dans cette contrée menée de main de fer par une sorte de satrapie, l'imagination avait été totalement éradiquée. La vie allait son chemin sans surprise, chaque jour était l'exacte répétition du précédent. Chacun effectuait sa tâche sans joie ni tristesse, immuablement. Le bonheur s'était asséché en quelques mois et avec lui l'amour. Certes on faisait des enfants mais pas pur réflexe, peu importait le, la, partenaire. La morale elle-même s'était effilochée jusqu'à être oubliée. On copulait dès que le jeune homme ou la jeune fille était en âge de reproduire et il n'était pas rare de voir de jeunes éphèbes chevaucher des grands-mères édentées... en vain.
Dans ce pays on se couchait tôt et on se levait de même. On avalait une bouillie d'avoine, toujours la même. A midi on croquait dans des tartines, toujours les mêmes. Et le soir après l'éternelle soupe au poireau on mâchait une cuisse de poulet. 
La vie n'était pas rude, elle était vide. Et savez-vous que le plus dur était de trouver un nom aux rues. Les édiles se creusaient la tête. Il y avait bien eu la rue "A" puis "B" et "C", mais après "Z" ? que faire quand l'imagination n'est plus ? On entama alors l'infinie litanie des chiffres.
Plus personne n'avait peur de la mort ... en réalité ... un jour, le peuple s'aperçut qu'il n'avait plus peur de la mort, il ne redoutait ni l'enfer et n'enviait pas le paradis dont il n'avait aucune idée. Alors les gens se jetèrent par millier du haut des falaises. Comme ça pour faire comme les autres.


Depuis cette région déserte est devenue fort belle et paisible. Finalement c'était mieux comme ça.
Voilà c'est tout.



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